JUSTE POUR SAVOIR

De nombreuses bouteilles d’eau minérale de grandes marques polluées au plastique

16/03/18 12h07

PAR
Louise Hermant

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Une étude alerte sur la quantité de plastique retrouvé dans les bouteilles d’eau de plusieurs marques telles Evian, Sen Pellegrino, Aquafina ou Dasani. Le plastique a été retrouvé dans 93% des échantillons.

Une seule bouteille d’eau en plastique peut contenir des dizaines, voire des milliers de particules de plastique microscopiques. C’est ce que rapporte une étude conduite par l’université de l’État de New-York dirigée par Sherri Mason et commandée par Orb Media, plateforme journalistique à but non lucratif basé à Washington D.C.

Des tests ont été effectués sur plus de 250 bouteilles de onze marques différentes et achetées dans neuf pays différents. Ceux-ci révèlent une contamination par le plastique, comme le polypropylène, le nylon et le polytéréphtalate d’éthylène (PET). En moyenne, 10,4 particules d’une taille avoisinant 0,10 millimètres ont été retrouvées dans chaque litre d’eau. Ces particules ont été confirmées comme étant du plastique à l’aide d’un microscope infrarouge standard de l’industrie. Les particules d’une plus petite taille étaient encore plus nombreuses : 314,6 par litre d’eau en moyenne.

 

Les méthodes de l’étude misent en doute

En cause: le processus d’embouteillage, les bouchons ou la bouteille elle-même. Les auteurs de l’étude ont indiqué « avoir trouvé environ deux fois plus de particules plastiques dans les bouteilles en plastique », comparé à leur étude précédente menée sur l’eau du robinet en septembre 2017, où du plastique avait également été retrouvé. Il est cependant important de noter que cette étude n’a pas été publiée dans une revue scientifique et n’a donc pas subi de relectures et de vérifications par d’autres experts.

Dans un communiqué envoyé à CBC, Nestlé a souhaité réagir à cette investigation. La firme a répondu qu’elle avait testé elle-même six bouteilles d’eau de deux de ses marques (Nestlé Pure Life et San Pellegrino) et a trouvé entre deux et 12 micro particules de plastique par litre, soit beaucoup moins que dans l’étude. La société a suggéré que la méthode utilisée par Orb pouvait « générer de faux positifs ».

Quel danger pour la santé ?

Les dangers pour la santé restent aujourd’hui difficiles à évaluer. “À l’heure actuelle, il n’y a aucune preuve que l’ingestion de très petits morceaux de plastique (microplastiques) peut causer des dommages, mais la compréhension des implications potentielles est un domaine particulièrement actif en science” annonce BBC News. Le professeur Sherri Mason affirme que « les nombres que nous voyons ne sont pas catastrophiques, mais c’est inquiétant ».

Selon Heather Leslie, chimiste de l’environnement et experte en toxicologie de l’Université Libre d’Amsterdam, contacté par Deutsche Welle estime que : “Si de minuscules particules, y compris des plastiques, se dirigent vers un tissu dans votre corps, elles peuvent provoquer ce qu’on appelle le stress oxydatif, qui peut mener à une inflammation chronique. Ce qui est aujourd’hui considéré comme un facteur important de déclenchement d’un grand nombre de maladies chroniques.”

Un porte-parole de l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré à The Guardian qu’il était conscient qu’il s’agissait d’un nouveau sujet de préoccupation, même si les risques sur la santé ne sont pas avérés. Ce dernier a également ajouté que l’OMS  » examinerait les très rares données probantes disponibles dans le but d’identifier les lacunes et d’établir un programme de recherche pour obtenir une évaluation plus approfondie des risques « .